L’ampli à lampes est un pilier dans l’univers de la guitare électrique. Son grain, sa dynamique et sa puissance ont marqué des générations de musiciens. Mais aujourd’hui, les choses ont bien changé. Les simulateurs d’amplis sont devenus crédibles, flexibles, et très pratiques au quotidien. Alors, faut-il encore investir dans un ampli à lampes aujourd’hui ?
L’expérience inimitable des amplis à lampes
Il y a des sensations qu’un ampli à lampes procure et que les simulateurs ne reproduisent toujours pas complètement. Le son semble vivant, réactif. Il réagit de manière très sensible à la dynamique du jeu, à l’attaque du médiator, au moindre changement de toucher.
Quand vous jouez à fort volume, l’air bouge, le corps ressent la pression sonore. Ce ressenti physique, presque viscéral, est difficile à expliquer tant qu’on ne l’a pas vécu. C’est particulièrement vrai avec un gros baffle 4×12, qui remplit littéralement la pièce. J’ai eu la chance de posséder pas mal d’amplis à lampes au fil des années, surtout des typés high gain. Peavey 5150, Triple XXX, Mesa Boogie Triple Rectifier, Engl Powerball… bref des amplis taillés pour du gros rock et le metal. J’adore toujours jouer sur ce type d’amplis mais ils présentent aussi pas mal d’inconvénients…
Les limites concrètes des gros amplis à lampes
Si l’ampli à lampes brille par sa qualité sonore, il a aussi de vraies contraintes au quotidien. D’abord, c’est lourd. Un baffle 4×12 pèse souvent plus de 40 kg. Un ampli tête à lampes ajoute encore du poids car une tête de 100 à 150 watt pèse souvent 25 à 30 kg, sans parler de l’encombrement général. Ce n’est pas pratique à déplacer, surtout dans les escaliers ! Il faut aussi en prendre soin. Les lampes de puissance doivent être remplacées régulièrement, en général tous les deux ou trois ans. Cela représente un budget non négligeable, surtout si vous devez passer par un technicien. Ce type d’ampli est également plus fragile. Transport, chocs et vibrations peuvent facilement endommager une lampe surtout quand l’ampli est encore chaud.
Si vous enregistrez avec un ampli à lampes vous serez aussi confronté à plusieurs problèmes. Pour en obtenir le meilleur son, il faut souvent jouer à fort volume. Cela suppose une pièce traitée acoustiquement, des micros adaptés (souvent coûteux) et du temps pour les placements. C’est un travail de précision, rarement compatible avec un usage domestique.
Autre inconvénient : une fois le son capté par les micros, il est figé. Contrairement à la modélisation, vous ne pouvez pas le reamper. Impossible de changer d’ampli, de baffle ou de micro après coup. Si le son enregistré ne vous plaît pas, il faut recommencer l’enregistrement depuis le début.
Ces contraintes, cumulées, peuvent vite décourager. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles de nombreux guitaristes se tournent aujourd’hui vers les simulateurs.
L’évolution de la modélisation : des premiers Line 6 à aujourd’hui
Vous vous souvenez peut-être des premiers simulateurs d’amplis, comme le POD Line 6 rouge sorti à la fin des années 90. À l’époque c’était une petite révolution dans le monde de la guitare. Mais pour avoir essayé le Pod et des amplis Line 6 au début des années 2000 je peux vous dire que le rendu sonore était assez décevant. Saturations au grain très numérique et son froid manquant cruellement de dynamique.
On était encore loin du son d’un ampli haut de gamme. Je me suis donc dit « la modélisation c’est gadget, rien ne vaut les amplis à lampes ». Et c’était on ne peut plus vrai à cette époque.
Et pourtant, la modélisation a fait depuis des progrès spectaculaires. Aujourd’hui, certains simulateurs offrent un son bluffant, même pour des oreilles exigeantes. Ce qui a tout changé, ce sont les réponses impulsionnelles ou IR. Elles reproduisent avec précision le son d’un baffle capté par des micros réels. Grâce à ça, vous obtenez un rendu bien plus naturel.
Personnellement, j’utilise actuellement un Helix avec ma propre réponse impulsionnelle. Elle a été créée à partir d’un de mes baffles : un 4×12 Mesa équipé de 4 Celestion V30. Résultat : le son est très proche de celui que j’ai sur ampli à lampes. D’ailleurs vous pouvez vous procurer ma réponse impulsionnelle à tout petit prix ici. Mais le Helix n’est pas le seul bon simulateur d’ampli sur le marché. Il y en a plein d’autres d’excellente qualité et plus récents : Quad Cortex, HeadRush, Fender Tone Master, Boss GT-1000, Axe Fx…
Simulateurs d’amplis : une liberté sonore inégalée
C’est sur ce point que les simulateurs prennent l’avantage. Avec un seul appareil, vous accédez à des dizaines d’amplis, de baffles et d’effets. Personnellement, je découvre des sons que je n’aurais jamais pu tester autrement. Certains amplis sont introuvables ou hors de prix. D’autres ne sont même plus produits depuis des décennies. Grâce à la modélisation, je peux tous les explorer, les comparer, et trouver ce qui m’inspire le plus.
Certains amplis comme le Hiwatt DR103 que j’utilise beaucoup en version modélisée pour les solos, ne sont plus fabriqués et sont quasiment introuvables en bon état (ou alors à des prix bien trop élevés). Idem pour la légendaire pédale d’overdrive Klon Centaur qui se négocie en occasion autour de 6000€ ! Aujourd’hui, je peux en profiter sur simulateur. C’est une vraie richesse sonore, accessible instantanément.
Mais attention : cette liberté peut devenir un piège. Il ne faut pas passer plus de temps à bricoler ses sons qu’à jouer vraiment.
En home studio, c’est un vrai confort. Vous pouvez enregistrer sans bruit, à n’importe quelle heure. Et surtout, vous pouvez réamper une prise, changer d’ampli, de micro, de baffle… même après l’enregistrement. Avec un ampli à lampes, c’est impossible.
Les Plugins
Il existe aussi d’excellents simulateurs d’amplis au format plugin pour ordinateur. Certains sons sont bluffants. Mais de mon côté, je préfère utiliser un simulateur physique. D’abord car il n’y a aucune latence au niveau du signal. Avec un plugin, si votre configuration n’est pas parfaite, il peut y avoir un peu de latence entre le moment où vous jouez une note et le moment ou vous l’entendez ce qui peut devenir gênant. Ensuite, je peux l’emporter partout et le brancher sur un vrai ampli à lampes (dans la boucle d’effets). Le seul inconvénient : c’est plus cher qu’un plugin.
Les meilleurs simulateurs sont souvent proposés à des tarifs au dessus de 1000€ voir plus de 2000€ pour les plus chers. Mais on commence à voir des choses tout à fait correct à partir de 400-500€ notamment l’excellent ToneX qui ne coûte que 350€ environ. La qualité de ses modélisations d’amplis est excellente. Par contre il est moins riche en effets intégrés que la plupart de ses concurrents. Dans les 500€ le Line 6 Pod Go que j’ai longtemps utilisé et le Headrush Flex Prime sont de très bons produits pour le prix.
Conclusion
Les simulateurs d’amplis ont fait d’énormes progrès. Aujourd’hui, ils permettent de jouer, créer et enregistrer avec un son très convaincant. Ils offrent une liberté sonore immense, sans les contraintes d’un ampli à lampes.
Mais malgré tout, je reste attaché aux amplis à lampes. Rien ne remplace leur réponse, leur chaleur, leur impact physique dans une pièce. Ils inspirent et poussent à jouer différemment. Pour moi, il ne s’agit pas de choisir entre l’un ou l’autre. Je profite des deux selon le contexte. À la maison, le simulateur me simplifie la vie. En studio ou en groupe, l’ampli à lampes garde une place spéciale.
Le plus important reste votre jeu. Peu importe le matériel si vous ne travaillez pas votre son à la source : vos doigts. Gardez ça en tête, quel que soit l’équipement que vous choisissez.
Dans la même catégorie
L’ACCORDAGE OPEN G À LA GUITARE : comment s’accorder et quoi jouer
Faut-il encore acheter un ampli à lampes en 2025 ?
L’ampli à lampes est un pilier dans l’univers de la guitare électrique. Son grain, sa dynamique et sa puissance ont marqué des générations de musiciens. Mais aujourd’hui, les choses ont bien changé. Les simulateurs d’amplis sont devenus crédibles, flexibles, et très pratiques au quotidien. Alors, faut-il encore investir dans un…
Comment Entretenir Une Guitare Acoustique
Un Logiciel Gratuit Pour Remplacer Guitar Pro : La Meilleure Alternative
Guitare Électrique pour Débuter : Le Top Rapport Qualité / Prix
Les Meilleurs Amplis Guitare d’Occasion à Tout Petit Prix
Merci Thibault pour ces articles enrichissants qui vont droit au but. Pas de bla-bla inutile à l’image de vos cours qui me permettent de progresser peu à peu. Il y a un proverbe africain qui dit « petit à petit n’est pas paresse » je pense que ça colle bien avec vos conseils et l’apprentissage de la guitare.
Merci beaucoup pour ton retour Joël !
Ton proverbe résume bien ma façon de voir l’apprentissage : pas de précipitation, mais de la régularité.
C’est comme ça qu’on progresse vraiment, et qu’on construit des bases solides.